carnet noir
janvier ; février ; mars

prise de note sur le téléphone avec l'appli Nextcloud

prise de note manuscrite dans le carnet moulin

prise de note sur l'ordinateur avec l'appli Notepad++

prise de note sur l'appli Keep sur téléphone en hors-connexion quand la confiance envers Nextcloud se disperse

janvier

le treize janvier je craque il est 10:41 j'ouvre une notule alors que je tentais depuis le début d'année de ne plus écrire ; bien sûr j'ai triché, j'ai ouvert un carnet hypotheses html et j'ai correspondu par ci par là
mais en cet instant, l'adresse est aux notules – je débute Traité du tout-monde d'Édouard Glissant, il fait très très froid, et déjà quelques pages que j'ai envie de recopier tellement les échos étranges
je suis fatiguée, mon corps fait n'importe quoi

mi-janvier, je reprends l'écriture
je passe du temps avec mes fantômes
depuis hier soir c'est Caroline qui est là, elle en robe rouge un bras dans le plâtre maquillée une 8-6 à la main place des cordiers qui sert à la mémoire à ce moment à un mort de la rue. elle attend le résultat de son test de grossesse et est joyeuse quand elle le voit positif. puis les quelques mois quelques semaines avant sa mort, son corps abandonnée à la rue, aux substances pour oublier, se défaire
elle ne meurt pas entièrement mais s'évanouit s'endort fait des crises épileptiques sur le bitûme, elle passe du temps en garde à vue, dans le camion des pompiers. elle ne retourne pas dans son petit appartement devenu insalubre, elle esquive la violence d'un foyer, enfermée, séquestrée, tout est meurtri, personne ne peut rattraper ce grouffre de désespoir déstructeur
cette chute c'est le seul moyen d'anesthésier la vie

Mercredi 17 janvier, soirée. Ma concentration divague, se perdre dans ses pensées le grand vide. Je lis Faire recherche en commun et hier il y avait une réunion social engagé + tmps pour discuter de l'idée émise le mois passé d'organiser ensemble une journée d'études. Ce n'était pas franchement enthousiasmant, mon incompréhension lente n'aidant pas. Je suis loin on dirait il n'y a pas d'échos, ça se confronte - est-ce possible de trouver un terrain de liaison / lien ? est-ce que je dispose de l'énergie de tenter des gestes pour bousculer (réinstituer le lien social)(je peux écrire, parfois, des argumentaires) ou du souhait d'être témoin dans l'attente d'une probable déception (la solitude amère du révolutionnaire)
Ce qui m'enjaille ce sont les Young Lords qui kidnappent un bus médical et c'est la poésie d'un entretien avec la poète d'Un corps de ferme et Kiyémis.
Je crois que je fais des siestes journalières.
Je ressens des douleurs légères de courbatures avec les séances de yoga à des endroits insoupçonnés.

Vendredi 19, fin d'après-midi.
Tentatives remède à l'envie de sieste
faire bouillir de l'eau
presser une orange et boire son jus
sortir le petit reste de glace du congèl et le mettre dans une coupelle avec une part de borwnie
remplir la bouillotte d'eau chaude
récupérer ce carnet et ce stylo
s'installer sur le lit de la piaule avec phauneradio
écrire

ces jours-ci: je fais une 1ère lecture de Faire recherche en commun, je pense à mille choses entre les lignes.
on est allé se promener avec q. cet après-midi
on prépare la semaine du Voyage Apprenant
j'ai été à une réunion-visio Sécurité sociale de la mort et il y avait un gars vu dans un docu en cours de visionnage sur les thérapies alternatives, prof à Grenoble.
je fais des siestes (je fume des pétards)
je fais le challenge 30 days d'Adrienne
je mets à jour mon carnet hypothses.html
je ne suis pas là
j'attends
je manque de consistance
retenue

pourtant, hier soir un chouette film: Antonia (1995)

les filons de mes pensées m'épuisent

le 24 janvier dix-huit heure passé
en phase basse
une sensation de péril imminent m'assaille, mes pensées trésautent
tout est immense et insurmontable
c'est quoi ces effondrements ponctuels
j'écoute la note de lapsyrevoltee sur les angoisses et questions existentielles
je ne sais jamais répondre aux questions sans être à côté
c'est de l'inconsistance molle ou drue
délitement fracturé
qu'est-ce que je deviens quand je colle
être alignée en déviances

tout n'ira pas dans le carnet hypotheses-html. pas encore. il y aura sans doute toujours un carnet noir,
dans ma boîte mail, une infolettre de la société psychédélique française ; en imaginaire dans la ressourcerie, un long dépliant sur les discriminations toxicophobes qui amène à remettre en cause la vision des drogues ou substances psychoactives, à questionner nos modes d'existence à travers les récits autour des états modifiés de conscience.
j'écoute l'EP Schelpenman (sélection musicale de la SPF).
est-ce que toute ma vie maintenant quand je mangerai des noix je penserai à monsieur p. qui m'en avait offert en maraude un jour ? si je l'écris en tout cas, je m'en souviendrai un peu plus encore. est-ce que je le souhaite ?
est-ce que je souhaite écrire tout ce que j'écris

dans une dernière divagation, en pensant sans doute au texte En processus de PNLS: est-ce que l'adresse est un lieu ? quelle est sa matière

Le 31, soir, à l'ordi. Ici une antenne du carnet noir
ce qui m'atteint dans ce que je lis dans The Undercommons provient en grande partie de mon expérience de la zone, comme observatrice (attentionnée, soignante et témoin). Cela paraît loin, les deuils prennent une autre shape.
(écho: il y a de la colère il y a de la colère partout)
faire une cartographie biographique militante
est-ce que, de ça je me console ?
toujours pas.

février

voilà, j'ai fait une jolie décoration pour le carnet noir html ; j'en suis très contente et c'était agréable à faire (belle découverte que le vw). j'ai fait un test en intégrant le gif du chien du meme this is fine en volant le code de not-a-doom-scroll, sympathique mais non gardé pour le moment.

"> Jeudi 15 février, soirée.
Je commence la lecture de MACHOIRES de Monica Ojeda, il y a beaucoup de micro-citations en ouverture (Lacan, Bataille, Kristeva...), un micro apriori négatif puis le récit démarre avec un "" d'un psyk:
> L'opacité est l'esprit des objets.
SOUPIR
tant de choses possibles à inscrire mais. déblatérer
en face de moi, la roue du vélo démontée avec la chambre à air aux caprices mystérieux j'attends un fond de jante pour aller rouler sous le soleil.
bientôt j'écrirai depuis un nouveau "lieu" un fauteuil "papasan", cadeau de q. avec les sous de l'Etat, pactole de 5k, on va ré-aménager le salon ; l'idée vient de wien où j'ai passé une petite semaine sympathique et douce.
ce matin j'ai mis fin à mon suivi chez le psychiatre hoplà.
il y a le corps éreinté (le dos, le bide en vrac, un style de spm semi-permanent) et il y a le vide, l'envie de crever, les sanglots d'ailleurs, le désespoir dépréciatif.
hope is a muscle
hope is a discipline
through it.
ma vie est bien remplie, et la déprime prend du temps. je voulais tellement ne pas vivre que j'ai lu des romans en mode escapisme à m'en donner la nausée
je survis
des éclaircies toujours

hier soir j'ai eu un éclair, un rassemblement : je suis devenue folle par rupture épistémique, en grande solitude

----+--+
mansfield.tya explose
dans le papasan
l'air frais et le bruit de la pluie et la weed
et l'épuisement perpétuel
le silence m'absente
j'écris un super poème juste avant le sommeil
avec les morts et les fantômes et les sanglots
survivre à des deuils inexprimables
car ils tuent même les morts
sur le chemin un presque fantôme, il se souvient de mon prénom
« il y a tout en moi à part moi »
je ne suis pas là
j'accueille et j'éprouve
tout ce qui me traverse

mansfield.tya et perpignan
un album comme funéraire
c'est christian dans les parages
les bérus, tof
la chanson le dragon de la canaille c'est camille et lorsque j'adresse ceci avant de l'écrire dans ma tête, je fonds en larme
pas dans mon corps,
là-bas

comment être à l'endroit où je puis dire
transférer cet amas incessant
déposer et que ça circule
raconter à l'abri
me défaire

je vais regarder mon parcours à la fac de psychologie avec les mad studies
je ne voulais pas être médecin mais psychiatre,
approcher la folie sereinement
le péril imminent à l'extérieur

toute de lueurs vêtue,

////
je suis psychologue
une clinique à la dérive dans les rues à travers les marges
ouvrière au corps cassé
patiente jeune, squelette vieux
au coeur meurtri
et révolté

c'est la folie qui m'intrigue
celle au creux
la curiosité de comment ça se trame dans la tête des autres,
à travers les fenêtres illuminées

je suis soignée
où la fracture
s'oublie
lorsque l'adresse ricoche
en paroles circulées
déraison des résonances

j'enquête
dans les détritus et merveilles
il y a des fantômes partout
chaque recoin contient son lot de larmes
en contemplation secrète
ou météo orageuse

j'écoute Line is a curve de Kae Tempest
je suis malade politique
une souffrance qui ne m'appartient pas
un cri, des hurlements
les muscles liquides

déjà la tempête lente était une spirale.

-
qu'est qu'on fait ?
on fait avec les gens qui sont là
et avec les présences invisibles
on n'a pas d'ordre du jour
on se retrouve
on mange
on discute
on échange
on inscrit certaines choses dans l'esprit commun du moment et on verra ce qui se poursuit
du travail en suspens
des envies qui se croisent
des bulles satellites
en chemin de traverse
on s'écharpe on construit on déconstruit on se frictionne on bricole on répare on étaye on se perd on s'accroche
le flou qui nous entoure dans un processus créatif

mars

le 6 mars 2024, sarra vient à l’appartement, dans le papasan, pour commencer à écrire pour la communication/publication du RIUESS
cela fait un moment que j’ai envie de lui partager mes écrits autres, le carnet hypotheses html débuté en janvier, le texte publié dans la revue outsider ; je lui montre rapidement afin d’introduire ces médias (morceaux de moi) et lui envoie
et quand je partage ces bouts de notules, mes zines ou ilôts numériques, je retourner à leur lecture pour vérifier ce que j’y raconte, savoir ce que l’autre va découvrir de ma personnalité qui était jusqu’alors un peu caché
et je sens comme une angoisse monter, comme un retour des potentialités non encore advenues, je me concentre sur cet éprouvé qui me traverse dans ces moments:
je me mets en posture de vulnérabilité
une ouverture
fragile
un risque relationnel
pour faire écho et lien

j’ai envie de raconter
d’adresser sans savoir à qui
une de mes trajectoires: un travail de maraude endeuillée, une esquisse de recherche-création, un travail militant éreintant, un abandon de poste, un mouvement social énergique et des rencontres fortes et toujours en deuil répété, une reprise d’un mi-temps salarié dans une institution oppressante, un découragement complet sauf ce bout de nouveauté “la forêt en santé”, une démission pour éviter les administrations, une inscription élaborative autour de la mort, une mise en recherche plus précise, une guidance de jeunes esprits

le 9, samedi fin de matinée. petite fatigue calme sur le papasan après des émotions d'hier à trier. quelque chose de non résolu avec mon ancien travail, avec les personnes rencontrées en maraude, ces liens que sont-ils devenus ? pourquoi une aussi grande tristesse ?
des larmes
des aperçus fugaces qui fendillent le coeur
(Cynthia devant le carrefour city de la Sinne avec Jacques, visiblement dans un état second alors que j'allais à la manif pour la Palestine et que j'ai presque fait demi-tour pour rentrer mais j'avais un livre à rendre à Josette)
(le quai des pêcheurs)
(duran dans un petit restau, on ira manger ailleurs)
toutes ces ombres
et bientôt, ça fera un an que christian est mort j'appréhende les effets "date anniversaire" quelles est l'origine de l'intensité de ces affects ? est-ce une bonne idée de participer au groupe sécu sociale de la mort ? c'est bien de ne plus aller chez le vieux psy-psy. je lis Les livres de la Terre Fracturée. je n'ai pas envie d'ouvrir les fenêtres à cause du bruit de la rue, j'ai besoin d'être enveloppée.
/ J'ai envie d'écrire une lettre à NH mais je ne sais pas sur quel papier. Ce soir, un couscous chez Sarra. Des souhaits de coton.
La mort toujours très présente. Je lis le zine You're life is not over, partagé par Lou.
GRIEVE AND RAGE
in a world of ghosts

Dim. 10 mars
Sleepy king radio, les livres de la terre fracturée tome 2
il y a trop d'émotions en moi,
« si ça ne vous touche pas »
encore des rêves indociles

22:11 au lit
je n'aime pas trop la fatigue molle qui vient avec la trop grande tristesse
où est mon adresse rassurante pour les fantômes et les cendres
toutes ces ombres et ses recoins
une cartographie-cimetière
l'autre soir session collage et rue de sauvage. un truc à pizza à la place de tempé, ouvert depuis plusieurs mois peut-être même un an, je n'avais pas fait attention à cet endroit depuis longtemps combien de capucinno ais-je servi à petruch qui logeait là
« dépêche doucement »

lundi 11, 22:49 sur le papasan
je voulais me divertir l'esprit avec le tome 3 de la terre fracturée mais j'ai trop lu aujourd'hui (j'ai bien "travaillé")
il est trop tard pour un film, pas de série tv en cours, et le sommeil n'est pas loin mais j'ai envie d'étendre la nuit
après demain je pars à paris
demain j'ai 1h30 d'app
je me referme face à une sensation de petite persécution: et si mes proches me voulaient du mal, et des scénarios se construisent à partir de là, ils sont crédibles ; ça vient de la rencontre des tentatives d'emprise, parfois incarnées par une personne qui ne s'en rend pas compte
exprimer à l'extérieur cette angoisse et son origine c'est se confronter à l'incompréhension, la colère, un dismiss en dédain du discours tremblant
si je dis: tu me fais du mal
la personne ne comprend pas ni pourquoi ni comment car ce n'est pas son intention, ça l'agace et la blesse et j'exagère, elle minorise mon vécu incohérent
tu vois bien que c'est délirant
elle dit à propos d'adelphe fol « elle est malade »
et son regard devient les yeux de tous
je ne sors plus pendant quelques jours sans ouvrir les fenêtres si vraiment
et mon silence est une preuve supplémentaire

le 12, 20:43 je n'arrive pas à lire
soupir
je déverse un peu par ci par là
ce n'est pas suffisant
dormir dit-elle
à quand l'apaisement

le 13, 16:40 à la MEP à Paris,
il y aurait des choses sur la photographie, l'écriture, être au monde en observatrice témoin etc,
il faut sortir pour capter quelque chose

semaine du 11 au 17 mars

Mardi 19 après le psy où j'ai parlé des difficultés que je rencontre dans ma relation avec St. Je pense à toutes les petites choses que je n'ai pas dites et le prochain rdv est dans un mois, c'est loin. J'aimerai gagner en impulsivité. Je ne comprends pas la représentation et l'identification.

soupir (2)

ce dont je n'ai pas parlé chez le psychologue ce matin: la rue; hier par exemple j'ai croisé le matin David, un monsieur roumain à qui j'ai distribué de nombreux cafés - depuis je ne travaille plus, quand je le croise il est aimable, demande des nouvelles de ma famille, avant il prenait un café en râlant, en réclamant plus (un sandwich, un hôtel où dormir). l'après-midi j'ai croisé Willie, sur son vélo, on s'est salué et nous n'avions rien à nous dire puis plus tard en revenant de la gare, j'aperçois dans le parc dans un coin jacques & kanak, à leurs gestuelles je reconnais les effets de substances psychotropes et je me fais du soucis pour eux, ils sont toujours là, je pense à nos morts communes et poursuis mon chemin, rivée sur mon téléphone, et on m'interpelle, c'est michal sur le trottoir d'en face, avec didou que j'avais déjà aperçue l'autre jour, à l'allure alcoolisée en début d'après-midi alors que l'an dernier elle était au stand de la cgt à servir des hot-dogs, michal m'a lancé un "hé au fait, bonne année bonne santé !" en continuant sa marche rapide
qu'est-ce que je fais de tout ça

Jeudi 21, après-midi ensoleillé, une bonne petite journée au milieu du chaos. Mais je bute encore sur la présence des fantômes : je commence à lire une thèse sur la cartographie sensible, je repense à la citation CUSSET 2024 en fin de paragraphe sur le chemin de chez moi à la fonderie, j'imagine cartographier les morts, mettre des croix sur un plan de Mulhouse, faire une déambulation mortelle-mortuaire en recherche souvenirs commémoration, communion. mais qui pour m'accompagner recevoir soutenir, et en attendant où est-ce que j'adresse ma tristesse ?