2023-11.md
Mercredi premier novembre
après le yoga matinal, petite forme. je sens les pleurs pas loin ; déjà je me demandais où était passé les larmes ces derniers temps et lundi en glissant-tombant aïe le genou j'ai senti que j'aurai pu me faufiler là pour tout pleurer, hier avec le vélo de nouveau cassé de même
Vendredi 3 11:29AM
voilà je me suis réveillée en pleurant
le monde est trop grand etc. j'essaie d'apercevoir où je pourrai me frayer un chemin, une destinée et rien ne va.
16:39 je lis pour ne pas penser mais les pensées parfois s'incrustent, ce sont des ruminations nombrilistes, j'en ai marre d'être en constant check up de moi-même, est-ce que ça sert à ça un travail, à être prise par d'autres pensées comme quand je m'oubliais dans le soucis des autres, ça tourne encore même quand j'écris "et pourquoi je suis ainsi, j'arrive à rien, je suis une mauvaise personne, qu'est-ce que je dois faire" ça tourne ça tourne j'ai envie de crier que ça cesse puis "de quoi tu te plains, tu es blanche plutôt en bonne santé physique etc" il y a toujours une comparaison aux autres, à comment èls font, pourquoi personne ne parle de cette impossibilité à vivre, comme si tout était normal évident, je repense à la théorie sur la posture phobique, à quoi ça sert tout ça
comment je fais pour être moins exigeante / intransigeante, comment je trouve une place qui ne me compromet pas sans compromis c'est impossible ça n'existe pas il faut créer mais je n'ai pas la force je suis phobique je reste en suspens dans l'imaginaire de toutes les possibilités
ça me fait très bizarre d'envisager d'écrire un livre et d'en lire et de penser aux personnes qui écrivent, ce qui est bizarre c'est la matérialité d'un texte que j'ai ingéré et la perspective de rencontrer la personne qui l'aurait écrit semble inouïe, je ne sais pas, comment on passe de cette intimité de la lecture et la relation socialisée avec une autrice ? (c'est à cause d'instagram ces réflexions)
ça m'ennuie d'envisager d'écrire un livre alors que je râle sans cesse qu'il y a trop de parutions, qu'il faut que les gens arrêtent de produire du contenu, qu'il y a d'autres choses plus urgentes à faire
ça rumine en continu sur toutes les liaisons potentielles de mon mal-être ridicule, ses origines et contournements, j'en ai marre il suffirait d'aller se promener.
18:35 je me sens très seule à plein d'endroits et à chaque fois je m'éloigne un peu plus ; c'est ça l'extrémisme ? je n'arrive pas à côtoyer longtemps des personnes qui ne partagent pas la même colère, c'est déjà une première barrière, je ne sais pas comment la mettre de côté (la même colère c'est à dire être a minima contre le capitalisme jusque dans les recoins de son eugénisme patent mais sournois), c'est pour ça que les gens joyeux sont louches mais c'est trop dur de ne fréquenter que des gens tristes, un abattement généralisé
j'ai mon cerveau qui flotte,
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la weed accueille
Section 4 - Arandel (dans mes écouteurs)
j'accueille je veux démêler les pleurs l'incapacité à se lever et à se casser l'incapacité d'énoncer son malaise, captive du pouvoir du psychiatre
il parle, il dit
"l'autre jour au bureau de tabac, quelqu'un a dit "il a fait HEC" d'un air méprisant et ça c'est de l'envie, moi je préfère discuter avec quelqu'un qui a fait HEC qu'avec quelqu'un qui fait cette remarque"
il dénigre
la souffrance politique
il efface
les trajectoires hors-normes
il dit
"votre attirance pour les personnes à la marge, n'est-ce pas un défaut d'inscription ? vouloir que le mot soit la chose, c'est quasi paranoïaque"
j'ai dormi quatre heures,
j'ai mon cerveau qui flotte,
le sénat vote raciste raciste raciste
les bombes continuent de tomber
il n'y a pas d'abri de nuit cet hiver dans la ville
rien ne fait sens, tout est désastre
il dit "cette abomination dont vous parlez, le capitalisme, il a ses défauts mais."
il est vieux, il continue à travailler pour 400 euros par mois en plus de sa retraite plutôt que de se reposer et contempler les fleurs qu'il achète chaque semaine ; ses patientEs lui offrent des fleurs et des objets de papouasie (un regard colonisateur-collectionneur) il repète en rigolant qu'il est le psychiatre le plus pauvre de la région
je suis assise sur la chaise, en silence et en colère, ça gronde et je me tais, je retiens des larmes inconnues
je regarde par la fenêtre
au 14e étage de cette tour
une vue dégagée sur un bout de la ville, ses quartiers et son horizon montagneux
je fixe mon regard dans une rue, un camion jaune a ses phares qui clignotent
je me tais, j'écoute tout grince en moi je veux partir pourquoi je suis venue pourquoi je reste pourquoi je me tais les phares clignotent toujours il parle des personnes qui en insultent d'autres, ce n'est pas bien l'insulte, ce n'est pas bien la haine
il continue à parler, ma compréhension s'amenuise il se lève, c'est bientôt fini non il s'arrête sans prendre mon chèque, sans me donner la feuille de soins à envoyer à la cpam
il continue à parler, j'ai envie de rentrer chez moi et retourner dormir
ne voit-il pas que je veux partir pourquoi il continue de parler
est-ce qu'il m'emprisonne
est-ce qu'il attend que je réagisse
l'intelligence à côté, c'est ça la paranoïa
il se lève, prend mon chèque qui lui offrira des fleurs, me donne ma feuille de soins pour me faire rembourser par la sécurité sociale
il se dirige vers la porte, met sa main sur la poignée et il n'ouvre pas la porte il continue à parler
j'attends
je regarde ses gestes
je pense à st. qui a été dans une situation similaire il y a des années quand elle avait 16 ans et qu'elle avait ce même psychiatre
j'attends
il ouvre la porte lentement et pas entièrement
je ne peux pas sortir j'attends je ne dis rien je crois il exerce un pouvoir qui m'immobilise entièrement et cet état je le déteste, je suis faible je veux rentrer chez moi je pourrai vocaliser cette envie, l'agir mais j'ai peur et je ne sais pas de quoi
tout me dépasse
il ouvre la porte et je m'enfuis
je rentre à la maison et je pleurs
je pleurs profondément
et en même temps c'est calme car c'est terminé, je suis chez moi
dans les bras de l'ours qui me console
et je dors tout l'après-midi.
je suis contente d'avoir démissionné pour ne pas dépendre de sa signature sur un arrêt maladie,
je me souviens qu'à la fin il a dit de manière encourageante
"ça va, il y a la poésie et les oiseaux chantent"
Valse Tango - Grand Veymont
8:14PM 11/10/2023
Lundi soir, le 23, il est 19:24
et j'ai envie d'aller me coucher. Il fait froid, je dors beaucoup, mon corps est mal (le ventre des menstrues hurle, des maux de crâne tournoient), je m'ennuie sans heurt mais le temps est long, il fait froid. Je n'attends rien. Je fais des petites choses : aller à mediacycles pour louer un box pour mon vélo (stopper la malédiction), cuisiner des courgettes avec un peu de piment (j'aime bien découper des légumes), envoyer un ou deux mails, aller au magasin de bricolages et changer le mitigeur de la baignoire ; puis plus rien.
Je zone. J'ai écrit un brouillon de mail pour me créer une place en recherche-action. Je poursuis sans passion The talos principle 2 et je quitte quand je ne m'amuse plus. J'essaie de lire, je ne suis pas embarquée, je passe à autre chose, je scrolle un peu, je nourris le chat.
J'ouvre un document Portfolio, j'ajoute des choses à faire dans mon agenda, je réponds plus tard aux personnes qui veulent me voir, je découvre la poésie de Camille Hardouin, parfois je pleurs pour des émotions que je ne connais pas.
Le lendemain,
> un grafitti au dos d’un arbre, en pleine forêt. Parfois, c’est ce genre de message qu’il nous importe de donner au monde.
au détour de
nextcloud bug toujours un peu sur le téléphone tant pis
mercredi soir
après un café au chocolat chaud et lait d'avoine avec Claire au Kohi puis Sarra nous a rejoint, c'était chaleureux. je retourne dans mes lectures intellectuelles, je prends des notes que j'éparpille dans deux voire trois carnets différents alors je documente en prenant en photo les pages, je les publie en story sur instagram et plus tard je les mets sur girl-moss et je le dis sur piaille
j'hésite à l'envoyer à d'autres endroits, à des adresses personnelles car je pense à elles quand je note, quand je recopie, quand je lis et quand je m'émerveille
il y a beaucoup de futurs dans ma tête mais aucun sur mon chemin présent. je me relève doucement et le dos craque à d'autres endroits, le genou est toujours un peu bleu de la dernière chute, le ventre est un abîme
mais je suis timide,
il y a le fil de la recherche, le fil de la création et un troisième fil secret.
dans deux jours rdv chez le psychologue (que va-t-il s'y dire c'est toujours la surprise)
11/19/2023
je suis allée à la grande veillée
et je me retrouve seule avec mes morts
pourquoi j'avais noté en description sur skyblog "il est bloqué ce gosse, il a des problèmes" ?
c'est toujours parfois une réalité
j'étais bloquée et je suis seule avec mes morts
je suis un témoin ridicule
sans valeur
inepte
j'observe et je me tais
ça hurle mais je me tais
j'écoute, parfois on dirait que je vois tout, c'est ça être en avance
il y a la mémoire et il y a le temps
je suis seule avec les morts, je valsais avec èls en regardant les oiseaux par la fenêtre
j'incarne des fantômes qui ne m'appartiennent pas
je refuse beaucoup de choses mais je ne dis pas non
je
suis un témoin ridicule
la vie en dehors se déroule sans moi
est-ce qu'un geste peut être immobile ?
j'accompagne ma solitude d'errances
de temps d'attente sur des bancs
de contournements car rien ne commence à l'heure
et je suis en avance
je ralentis le pas qui cherche à se cacher, vite
des insectes minuscules se promènent sur mon pantalon quand je suis dans un parc
il y avait
des revues à prix libre que je n'ai pas acheté
des illustrations que j'aurai pu offrir
des discussions auxquelles je n'ai pas participé
une invitation à inscrire quelque chose sur un immense tissu lors d'une lecture à voix haute de poèmes
et partout je me suis tue
la veille de la grande veillée je suis allée chez le psychologue
un pneu était dégonflé, j'étais un peu en retard avec la pompe à vélo qui dépassait du sac à dos alors je lui ai parlé de la malédiction du vélo, qui se n'était pas arrêtée lors du vol du vélo présumé maudit.
je ne lui ai pas parlé de quand j'avais repensé au vélo de christian et du fait que lui se croyait maudit
je lui ai dit que j'avais grandi dans un environnement silencieux où il ne fallait pas déranger l'ordre établi
une demande déjà dérange
mes morts et leur insignifiance
11/21/2023 2:46PM
je suis happée parfois parce que j'ai écrit, et je me souviens de la règle inventée avec mes carnets lycéens : la relecture du mois précédent lors qu'un nouveau mois débute.
la nature des pensées: celles sous la douche, à vélo, qui s'écrivent et qui résonnent dans des cabinets d'analyse.
je vais bientôt ranger mon bureau, déplacer les piles, en tendresse vers ce bazar ; hier une illustration a glissé jusqu'à moi, je l'ai salué et effacé sa poussière, q. a été témoin de cette interaction avec son regard amoureux de mes gestes étranges
je suis contente, rassurée même, de vivre avec quelqu'un car cela confirme mon existence
/ je ne comprends pas les défauts qu'ammènent l'intellectualité : tenter d'expliquer des problèmes-événements complexes à des personnes qui s'en foutent met à une place renvoyée comme potentiellement hautaine, supérieure, excluante. ce n'est pas mon désir pourtant, et je me sens toujours aussi petite ; on m'a dit qu'il fallait prendre garde à ne pas trop se montrer, je brise ce semi-interdit, je dévoile puis non, j'efface et je disparais (en laissant peut-être une ou deux traces pour les curieuxses explorant)
23/11/2023
il fait froid,, très froid, j'aimerai aller me mettre en pyjama mais j'ai rdv plus tard dans la nuit pour coller.
j'écoute les béruriers noirs pour accompagner la présence des fantômes - avant j'ai repensé à et revu atopos de björk, et voilà pourquoi je n'arrive pas à connecter avec autrui en ce moment, le monstre asocial a une part de désespoir
25/11/2023
samedi après-midi au froid à l'appartement plutôt qu'au froid au soleil en manifestation car je n'ai pu me résoudre à choisir entre un trajet avec les féministes et un trajet contre le génocide en palestine, quelle absurdité hors-sens
alors je continue ma lecture de l'équilibre mental, la folie et la famille et ça m'attriste, ces portraits de femmes sans armes contre la domination patriarcale.
après une interruption ronronnante avec willow, je suis sortie délivrer une pause-clope à q. et dans les escaliers de l'immeuble plusieurs hommes montaient au 3e étage, au dessus de chez nous, dans le airbnb et ensuite dans la rue en bas de l'immeuble, une patrouille militaire pour le marché de noël
toutes ces agressions invisibles,
l'intranquillité
dimanche soir, le 26
je traverse juste.
mardi matin tôt la nuit, petite insomnie
je regarde écoute Chat glacé de Camille Hardouin, un journal de bord poème, c'est très émouvant