je m'arrête après chaque paragraphe dans ma lecture de Les existences moindres car c'est super, l'ébahissement suspend le temps un court instant
éssouflée par la densité de sens poétique, par ce qui est juste; voir puis témoigner : le gestuel du faire voir sans voyeurisme dévoile des existences
gonflée de lumière
et je tente de border ma chute, de retenir maintenir contenir la peine qui me transperce, chaque mort réveille les fantômes, et je prononce tous les prénoms : christian, mickey, wilmos, jordan, camille, tof, caroline, khalid, monique, charlie, philippe
des disparu·es depuis un an et demi, sans doute que d'autres pourraient rejoindre cette liste, je ne connais pas tous les pauvres de ***
je regarde le documentaire Toute la beauté et le sang versé, je lis la brochure Came + capitalisme = génocide et je pleure en explorant les luttes des années passées, et c'est toujours la même misère la même galère le même silence
silence = mort
je reprendrai les mots d'act-up pour ma prochaine pancarte
squat = autodéfense populaire