Début, au présent
ce que je suis en train de faire
suivre et être
ce que j’observe à l’instant
ce que j'absorbe
ce qui se réfléchit

Je suis
suivre et être
un workshop de Laura Vazquez sur « commencer et terminer un livre »,
n’importe quel livre
il faut maintenant prendre tout ce qui vient et tout absorber
c'est facile, je ne sais faire autrement
tout à l’heure j’ai accompagné le chat dans la chasse d’une mouche
alors c’est flou,
quelle différence avec ce que je fais habituellement
le plan comme une spirale en reflet
qui descend vers le passé pour
revenir vers le présent
il n’y a pas de futur
nos futures
pleine page et paysage

Ensuite, je lance et je déplie
Une rapide notice biographie année et lieux

je peux démarrer par la notice autobiographique
je suis née en mai 1991, c’était un mercredi
j’ai vécu à Tours jusqu’en 2008
j’allais à l’école, j’étais chez mes parents
après je suis allée faire des études à Angers, à la rentrée de septembre 2009
après les études en 2015 j'y suis restée un peu
même quand j’ai travaillé à Tours en 2016 à mi-temps,
après en 2017 j’étais au chômage
et en mai 2018 je suis venue à Mulhouse pour un travail

aujourd'hui

aujourd’hui je suis à Mulhouse et j’ai quitté le travail
j’attends la suite
donner la suite c’est l’enquête

et de retour dans le passé,
mes activités extra-scolaires
des lectures des ordinateurs et des jardins
la famille les vacances
primaire

à Tours je suis allée à la maternelle
minute papillon
je suis allée au primaire
j’ai joué des poèsies
je faisais du roller parfois
j’ai lu beaucoup
un ami de mon frère pendant une semaine de vacances à la mer chez mes grands-parents remarque que chaque jour j’ai un livre différent dans les mains
je suis allée au primaire je me suis cassée le bras
avec des chaussures jaunes
on sonnait à des portes dans la rue puis on partait en courant et riant
on accrochait une araignée en plastique à un fil et on piégeait des passantxs
il y avait des ordinateurs et des jardins
on grimpait dans des arbres
l’été je suis allée chez mes grands-parents à la mer, j’aimais bien les cahiers de vacances
l’été je suis allée dans la montagne avec mes parents et mes frères

puis le collège, le lycée rapidement
les entours culturels dans l’errance
la nourriture cachée

à Tours je suis allée au collège et puis un autre
« quelque chose n’allait pas »
à Tours je suis allée au lycée, j’ai trois journaux
l’abandon du corps et l’abstraction du reste
à Tours je suis allée dans les rues, je suis allée au cinéma, je suis allée à la bibliothèque, je suis allée à vélo, j’ai tenté de me cacher
l’été je suis allée à Montelparo et ailleurs
j’aurai pu aller à la fête de l’humanité mais mes parents ne voulaient pas donner de sous aux communistes
je suis allée à la plage et dans des champs de tournesols
j’ai mangé des secrets dans mes tiroirs
parfois j’ai disparu alors qu’il fallait être là

la fac, Angers rapidement
l’écriture

à Angers la première fois je suis revenue en pleurant
quelqu’un avait deviné que j’écrivais
à Angers je suis allée à l’université
une petite fermée
à Tours avant dans les rayons de la bibliothèque j’avais emprunté Deveureux et déjà les disciplines ne me couvaient pas
j’étais désorientée

devenir psychologue
raté

à Angers je suis devenue psychologue
mais je ne le suis plus
je m’étais trompée


Au présent, je raconte les jours passés
contextualisation politique générale
l’observation militante, déréalisation

samedi je suis allée à un rassemblement échange sur la Palestine
au parc il y avait des keffieh et quelques larmes
et un cour de tango
hier je suis allée nulle part enfermée dans la chambre toute la journée
ou presque
puis je suis allée prendre l’air en compagnie
des éclairs ponctuaient le ciel

où en étais-je je n’ai plus envie

Passage philo-poétique qu’est-ce que je fabrique
thématique de l’identité
souvenirs d’un livre-compagnon
nommer les choses
un souvenir culturel queer
un souvenir petite
[agencer les souvenirs du plus récent au plus vieux, la spirale]
le doute
les études, le diagnostic
l’anonymat
le signe

à Angers
à Tours
à Mulhouse
des années qui s’entassent

tout ce que j’ai déjà écrit m’empêche d’écrire
regarder d’ailleurs
une spirale qui tourne sur elle-même
elle connaît les années mais pas les âges

des psys qui me demandent à quoi je m’identifie
je ne comprends jamais la question
à quoi je suis identifiée c’est encore autre chose
est-ce que je me mets à la place d’autre est-ce que je m’imagine comme l’autre
je m’identifie à une spirale
à un mouvement
à une flaque

dans l'identification il y a de la colle
ou des adhésifs

dans les cours de psychologie je m’identifie partout, j’ai tous les symptômes, je les collectionne
dans un cours ça parle du faux-self
quelqu’un de mal-nommé
mais là je m’identifie un peu plus sérieusement, je m’identifie à celle qui ne s’identifie pas ou seulement à travers le mime de l’autre
c’est la question du vide
est-ce que le vide est identifié
est-ce qu’on a une identité sans être identifié
l’identité c’est une action
je suis un geste
suivre et être

est-ce que je veux ressembler à
pour réussir à effectuer la même chose
quand je me compare je ne m’idenfie pas car il n’y a pas de références juste le vide
parfois je me retrouve
mais ce n’est jamais moi
je n’ai pas de lettre
pas d'accronyme

quand il faut nommer, très souvent je me souviens du livre la forêt des mythagos
je ne me rappelle plus quand est-ce qu’il m’a accompagné,
il n’y ni âge ni année,
il n’y a pas de trace dans les carnets
un gros livre vert avec des récits enchassés
un mystère qui s’épaissit,
il apporte des réponses moyennes qui se déploient encore ailleurs
dans le livre dans la forêt
parfois j’ai un geste qui décrit mais je ne sais pas comment le nommer
la forêt s’engouffre en elle-même
quand je pense à ce livre c’est quand il faut nommer les choses,
les lieux, les personnes
par leur vrai nom
une jeune fille doit se concentrer et elle découvre le vrai nom des choses et c’est un pouvoir, le vrai nom des choses lui octroie, la remercie, avec une sensation car cela reste secret

quand j’étais adolescente je me prénommais autrement parfois
le pré-nom c’est avant la rencontre
je me suis anonymisée
j’ai entendu Pseudo sur radio béton 93.6
je questionnais mon authenticité

maintenant je questionne ma contenance
toutes les identifications que j’ai mangé absorbé collé

quand j'avais 20 ans je suis allée à Paris au Jeu de Paume
j'ai découvert Claude Cahun

est-ce que s’identifier c’est vouloir être comme
c’est vouloir être autre
se transformer
devenir une image

quand on me pose la question est-ce que vous vous identifiez à
je fuis
j’ai imaginé être beaucoup d’autres
et maintenant je me nourris ailleurs, enfin là et ailleurs
c’est comme si je devais rendre des comptes, avec qui je suis habillée

hier soir, je n’ai pas terminé le film, j’ai pensé
un squelette est nu

je n’ai pas envie de vérifier sur internet la définition de l’identification
il y a le vide et l’image et un lien entre les deux qu’on jette
j’ai oublié le café

l’identité c’est un geste et c’est un papier
c’est ce qui nous administre
sur ma carte d'identité nationale
l'adresse n'est plus la bonne,
elle est périmée
j'étais petite quand j'ai déposé mes empreintes pour la première fois
pour la carte nationale d'identité
c'était dans la rue qui va du parc des expos au parc à côté du musée où dans le jardin il y a un éléphant
rue bernard palissy me dit internet
j’étais petite

quand je suis petite tout le monde dit que je ressemble à ma mère
on voit moins son visage que les autres
peut-être est-ce elle qui me ressemble
est-ce que mon corps s’identifie
je me reconnais plus dans un reflet flou
mon visage est emprunté

dans un recueil une phrase de psychiatre notée répétée sur la marge et l’inscription, un défaut d’inscription car le mot et la chose ne sont pas identiques
le mot n’identifie pas la chose
seul le signe
les choses vont arriver
elles arrivent bientôt
de quoi seront-elles composées ?
de mots mais pourtant
les choses sont composées de mots
mais les mots ne sont pas les choses
sinon tu deviens paranoïaque
le signe pulse trop fort et ça colle


Au présent, ce que j’observe
un lieu
alors un souvenir du lieu
alors un souvenir de la période de ce souvenir
ici un confinement

18/08/24
j’écris alors que je n’avais pas envie,
le chat est derrière la fenêtre ouverte vers les petits toits, vers la terrasses des voisins à l’étage en dessous et vers la cour inutilisée bétonnée de l’immeuble en face
pendant un confinement une nuit vers trois heures du matin, un voisin a une crise d'angoisse bruyante et nor qui fume une clope dehors devient une présence rassurante.

les instants de la quotidienneté « les choses simples comme ça »
dans les conversations rapportées de la politique
dans les instants calmes, des petites insertions de l’angoisse

l'écriture peine

je bois mon deuxième café soluble,
il est 8:13 on est mardi,
peut-être après j’irai acheter quelques nourritures
hier soir nous sommes allés nous promener en récupérant sur le chemin par la fenêtre ouverte Sarra et Mohammed, il faisait trop nuit pour jouer au rami dans le parc sur l’herbe
on a parlé un peu de l’actualité, est-ce que l’Iran va rispoter contre Israël, les états s’inquiètent et font semblant de préparer un cessez-le-feu pour délayer
des éclairs ponctuaient le ciel
parfois j’avais peur d’être moquée
ce sont des choses simples comme ça

réfléxivité de l’écriture : qu’est-ce que je suis en train d’écrire
suivre et être
willow → quand est-ce qu’il est arrivé ? 2016, ce qui se joue ensuite
la folie

qu’est-ce qui a bougé, permis la transition de l’authenticité vers la consistance -je me rends compte que je me suis trompée de moi (tapsus mot), ou non.
Des identités éparses vers une forme d’être malléable
j’aime bien la phrase que j’ai noté un jour « je contiens ma folie »

qui disait dans ses verbes préférés il n’y a pas longtemps dans mes oreilles tenir (peut-être marielle macé)

est-ce que je peux écrire en dehors de l’écriture
je suis le chat
suivre et être
c’est lui qui m’indique le réveil
il est arrivé en octobre (?) 2016
et parfois j'écris que je suis devenue folle quand j’ai eu un chat

salt of the cosmos / oceanic feeling and communist affect

en discutant avec zA et lou, je pourrai écrire sur les randonnées
celles en Bretagne
pour certains trajets il y a des photographies quelque part
et sur le site de couchsfuring peut-être un historique

dans ma carte
il y a les traces et la temporalité
j’ajoute la rouille
la maintenance
toujours tenir

j’ai trop de textes compagnons
je repensais au premier plan du texte pour la revue outsider, des paragraphes chiffrés comme le texte the salt of the cosmos ; là j’ai ouvert une vidéo de Jackie Wang sur oceanic feeling and communist affect.

les fantômes
de quoi par quoi sont-ils composés
les mots / les choses

weird cryptic

Dans les gisantes il y a une place faite aux mortes
elles perdurent
de quoi sont-elles composées
ce sont des poèmes étranges, on s’y fond
de quoi sont-ils composés
par quoi sont-ils composés

dans la spirale se trouve des échos
ça tournoie
il n’y a pas de centre

--> à transformer
après le chat 2016 vers la folie, parler de The Salt of the Cosmos & Oceanic feeling and communist affect
puis des gisantes, les mortes et les poèmes qui reprennent la forme des mots et des choses

composé par un corps


la nourriture
un fantôme : mon grand-père

dans le livre (lequel) il y aura de la nourriture
et en écho des choses autour de mon grand-père maternelle
ça s’appelera peut-être les nourritures terrestres ou autrement
qu’est-ce que cuisiner m’apprend
qu’est-ce que partager un repas m’apprend
c’est quoi un bon vivant
il y a le plaisir
parfois entâché par le rappel du corps qui meurt
fumer des cigarettes interdites sur le balcon en contemplant la mer la nuit
personne n’est dupe
personne ne dit rien
l’hôpital est une prison dans une carte postale écrite à l’encre bleue le 22 mai 2006
il sort de la salle de bain de sa chambre d’hôpital, vétu du tissu opératoire, il a essayé de se recoiffer pour paraître avant notre venue
il y a des inquiétudes dans des recoins
et des crèpes beurre-sucre, du vin rouge et du chocolat noir, du pain avant l’heure d’aller à table,
des mots croisés studieux pour échapper à la marmaille sur ce beau bureau transparent chic


Les nourritures terrestres, j'absorbe tout

j’aimerai retrouver le texte sur le sens de la lecture
de haut en bas ou de bas en haut
le lichen marque ma peau

j’ai envie d’écrire ailleurs
dans le carnet numérique folder_name, un blog
car j’ouvre
la session de divagations sur internet d’hier soir
dans le navigateur quatre chemins
il y a
un article wikipédia sur le livre On Growth and Form
publié en 1917
écrit par un mathématicien-biologiste écossais
« The book covers many topics including the effects of scale of animals and plants (…) ; the effects of surface tension in shaping soap films (…) ; the logarithmic spiral as seen in mollusc shells and ruminant horn ; the arrangement of leaves and other plan parts »
il y a
l’épisode 1 de la série télévision britannique Ways of seeing
diffusé en 1972 sur la BBC
avec John Berger (qui est-ce)
comment voir, c’est un chapitre dans Les existences moindres
il y a
un dictionnaire des combinaisons de couleurs
inspiré par le livre The Story of Color 色彩の話
publié en 1952
écrit par le costumier et peintre japonais Wada Sanzō 和田 三造
il y a
le portfolio de la photographe française Stéphanie Lacombe
et ses espaces du commun.

année licence le texte sur Klein
les albums photos
La matière

Robinsonne
Réduire mon existence
Désertifier ma présence

Il y a les choses, qui arrivent
et il y a les verbes
on se conjugue
dans des allures patentes
"Il y a le se-briser",
c'est un instant qui instaure
on se conjugue dans l'entre
on se conjugue
par les choses qui viennent
qui vont venir
qui arrivent
entourées des verbes
ce sont des choses simples comme ça
des images, des villes, des sensations, des livres, des fantômes,
Les choses parsemées se rassemblent, elles cheminent vers le centre et feront une ellipse
ce geste qui te fait exister
je te prête une âme
il y a écart perceptible à agrandir

18/08/24
finalement je n’ai pas beaucoup écrit
il pleut
dimanche matin

je peux faire des listes d’idées d’écrits pour chaque thématique recensée
l’identité il y a encore remplir les formulaires cf. blog
ensuite les diagnostics et le queer
faire communauté conversation, ça sera peut-être la conclusion, finir sur ce sur quoi je travaille en ce moment
est-ce qu’il y a un appel à l’aventure ? Un appel sans demande fait d’attente

dans un autre fichier j’ai tapoté ceci sur le téléphone, je le recopie sans faire un copier-coller pour m’en emprégner

je donne la parole aux choses
je donne la parole aux gens
(soon)

il y a beaucoup de livres dans mon livre

c’est dimanche et il pleut
il est 8:37 mon corps est fourbu
j’aurai pu rester dormir mais je suis le chat
peut-être qu’il dort lui maintenant
il ne boit pas de café

de quoi la journée sera faite,
j’ouvre le bricoracle
la journée sera faire d’une étoile, la foi, sous-tenue par la confiance et la créativité
poursuivre
attendre et poursuivre doucement
dans le livre après les passages de colère de misère d’abandon il faudra des passages de douceur

il y a des pauses dans le présent dans son écriture, là il est 9:00, la cloche dehors sonne la fenêtre est ouverte le vent est frais
j’ai reçu une note vocale de Sarah qui part en vacances à Llubljana ce jour, elle me raconte ses drames imprévus de la matinée
elle est troublée de l’attention
c’est le train qui est en retard, pas elle
alors je lui réponds une note vocale
alors je regarde la tasse vide sur le bureau
alors je pense à la suite
j’écris à G pour peut-être travailler ensemble à distance en fin de matinée sur les chantiers en cours d'un collectif commun, elle travaille dans le funéraire, elle habite en Bretagne, quand elle allume la caméra en visio, elle porte de grandes lunettes noires
après, je vais dans la cuisine, je fais chauffer de l’eau, j’hésite entre un deuxième café ou une ricoré au lait mais il n’y a plus de lait d’avoine, je vais dans la salle de bain et je me coiffe un peu, un élastique pour un micro-chignon élevé et le reste des cheveux libres sur les épaules, je retire mes lunettes et je m’asperge un peu d’eau sur la figure, c’est agréable, je prends de l’eau du robinet dans le creux de mes mains et je porte mes mains jusqu’à mon visage, après je masse le visage que je regarde dans le miroir, je remets de l’eau dans le creux de mes mains et je masse le haut des épaules, je tente de détendre ce corps fourbu, je me laisse guider par les muscles, vers la sensation recherchée, je fais quelques exercices d’étirement, de yoga, c’est agréable, puis je retourne à la cuisine et me sert du café, retourne au bureau et j’écris.

j’écris à partir des archives de la parole entamées déjà quand j’avais 26 ans