un crayon teste un carnet
les deux nouveaux
pour les rêves ?
dans le carnet je note
un rêve
dans le rêve j’écris
dans le carnet hier mes rêves
dans le rêve une femme propose des énigmes pour
maintenir le temps ;
une shéhérazade ingénieure
les énigmes sont des histoires
mystérieuses
dans le rêve
des allumettes
les remplacent
je note
est-ce vraiment un carnet pour les rêves ?
avant leur mise en mots
les rêves s’évaporent
régulièrement dans
le silence
dans les carnets dans les rêves
des lieux inexistants existent,
ils ancrent la mémoire
du rêve du carnet
comme
un campus d’université
la topologie onirique
le rêve se poursuit
faut-il casser des murs ?
agrandir encore l’immense
vers sa barrière
p. 39
ouvrir
la famille donne un avis
le rêve s’oublie
dans sa grandeur
un autre petit rêve
une web publicité artisanale
(les rêves sont retenus -
enfin,
je rêve mais
je prends la peine de
ne pas inscrire
les rêves
s'effilent en perles
d'eau nacrée dans
des jungles assoiffées
de vertiges)
je rêve dans un appartement avec
une presqu'camarade féministe (pour un colloque peut-être). elle
est en colère contre un homme
p. 38
p. 37
p. 36
et je suis chagrinée
à côté recroquevillée
dans un coin perdue avec
des larmes au-delà du sens et
des paroles qui ne m’appartiennent pas
je rêve pas loin
je fais une demande et on me gronde
je demande dans une messagerie téléphone
c'est inapproprié des coquilles
c'est illégal des grondements
c’est un manque de préventions
pour y pallier des gens qui n’existent pas écrivent des slogans antifascistes qui réveillent tout le monde
p. 35
un nerf se coince dans le dos
le carnet de rêve devient
un carnet de voyage
de la légèreté exlibris
c’est le vendredi 25 juin 2021 en direction de Strasbourg
ou bien
le dimanche 27 juin à 16:26 au retour à Mulhouse
le week-end fut bon malgré
l’épuisement
> des menstrues
> de la douleur du nerf coincé
> des nuits courtes
> > > au milieu des gens
émulser des rencontres
p. 34
je note des définitions alors que
le tgv gigote
en Chimie, l’émulsion est un milieu hétérogène constitué par la dispersion, à l’état de particules très fines, d’un liquide dans un autre liquide en phase continue, la phase dispersante
en Photographie, l’émulsion est un mélange sensible à la lumière, composé de sel d'argent à l'état de cristaux microscopique en suspension dans la gélatine, le collodion, qu'on applique en couche très mince sur la plaque ou le film.
en Travaux Public, c’est aussi un mélange de gravillons liés avec du bitume liquide que l'on utilise pour la réalisation de circulation à faible trafic ou pour l'entretien provisoire des routes.
p. 33
je note encore des rêves, il y en a des grands qui s’évaporent au réveil
cette nuit avec des maraudés,
monsieur P. à une fête
il y a une bagarre
des baignoires qui ne s’écoulent pas
et des êtres vivants qui s’y forment
le jeune Lucas qui attend
dans les rêves
les barricades bougent
p. 32
quand l'insomnie prend le pas je ne rêve pas
une minuscule tourmente
je cherche une présence
je questionne son absence
je rentre doucement dans l’écriture,
le réflexe retenu d’aller dans le refuge de l’oubli du scroll
quelqu’un a fait une remarque
et presque tout se renverse dans un doute radical
p. 31
habituellement on dirait qu’il y a peu de
réflexivité miroir à travers
les rues sont bruyantes
elles résonnent
avec toutes leurs trajectoires
entre-observées en permanences
rarement indulgentes
quelle aventure
une étrangeté menaçante intriguante
(non pas comme une ombre qui plane)
un haussement d’épaule face à
ce qui se tient pour paisible ;
p. 30
comment reconnaître repérer
les dérapages désastreux
dans les façades de courtoisie
sans vigueur.
devenir phare
des tentatives de connexions,
de l’intime pour réparer
la solitude partagée
awkward
je me souviens de la naissance d’une amitié
dans une cage d’escalier
[why would someone want to spend time with me]
p. 29
est-ce qu’il existe des personnes non-bizarres ?
j’écris à propos du travail de Kaldi Moss,
le sonore et l’umwelt mycélique
[le parquet qui grince]
l’idée ritournelle du métier de psychologue comme
autorisation à être louche
à déranger par un savoir supposé
un savoir qui dérange, une curiosité
car qui introspecte son espèce ?
prendre soin, veiller, ne pas surveiller
j’écris des pleurs étranges
p. 28
à la lumière jaune
une identité et des frontières poreuses
une curiosité qui m’entraîne
je visualise le boulevard Bérangers
à Tours
son très large trottoir
au milieu
très long avec de grands arbres
et de nombreux visages
qu’y a-t-il derrière ou dedans
la calligraphie est triste
p. 27
je questionne ce qui a abîmé mon dos
les bricoles affalées et internet
la douleur le carnet l'écriture hésite
le web voyage
tout se percute
alors amortir la chute :
> > Appliquer du baume / un onguent herbacé comme un
> > > > nid sur des blessures, des brindilles ramassées, choisies,
> > > > transportées, déposées dans une architecture curative.
> > La parole dévoile les incongruents sursauts collectifs.
> > > e t h e r a l r e a l m
> > > > > et des soupirs*
p. 26
je note je ne sais quoi
à propos du silence qui induit en erreur
le mouvement de l’eau au vent, lui, est perpétuel.
à propos de gratitudes apeurées, je me tais
les feuilles des astres dansent
j’ai envie de tout raturer en majuscule
j’écris je m’occupe
je m’occupe du vide
le vide de l’écriture m’occupe
l’écriture occupe le vide
en Master 2 Psychologie clinique j'ai raté
le sujet d'un examen
je le note :
L e s t e m p o r a l i t é s s u b j e c t i v e s
je note
que je préfère les saisons comme marques temporelles
et les secondes rapides comptées dans l'attente
je cherche
une adresse rassurante
p. 25
je reprends les rêves
plusieurs d’affilés sur trois-quatre jours
jusqu’à un réveil en pleurs
car je ne peux pas porter à bout de bras le destin de quelqu’un,
le seul arabe du Sundgau,
Mensour
un rêve
la zone a un nouvel endroit,
la structure ressemble à [décrire jeux pour enfants comme sur la couverture de Les amateurs de Brecht Evens] en plus grand
une aire de jeux abandonnée sur plusieurs étages
abandonnée avant la fin de sa construction
at the edge of Crestwood
parfois il y a deux gamins
il y a Mothi très présent,
son regard clair a du pouvoir
il y a une rivière-canal
au milieu des feuilles d’automnes
collées sur la gadoue
Samir s’excuse de ne pas
il y a une clairière
je fume un joint avec des zonards
p. 24
« on n’est plus à ça près »
qu’en penserait la figure d’autorité
il y a la nuit
une armée de flics
dans la structure zone-désertée
je les esquive facilement
la crainte tambourine
que s’est-il passé ?
est-ce grave ?
on dirait
un rêve la veille
il y a un parcours semé d’embûche
des plateformes comme dans un jeu-vidéo
j’emprunte le parcours en échange
Guillaume me salue
c’est un contrat pour qu’il s’en sorte
il est le spectateur de mon engagement
le rêve ne finit pas, n’a pas de résultat.
Tout est poreux
> > > > > > > s’infiltre en dehors
> > > Il n’y a pas de barricades perméables face à la détresse.
p. 23
Je rature et je note en dépit d’un autre stylo
un questionnement revient, je le date de deux mil dix-sept
quelle est la différence entre le zen et l’affect dépressif
la propension à s’oublier
pour appartenir partout
comment éviter le délitement
je trace trois étoiles et puis
j’écris à propos de la vieille dame qui pourrait me rendre folle, elle traverse les carnets et les textes, avant sa rencontre il y a eu des hérons le long de l’Ill
je raconte l’histoire de la tisane Ricolas et le bouchon jaune
la délectation des lampées
p. 22
il faut deviner le sens
dans les trous
vers les montagnes illuminées
par son regard
et encore plus loin;
c’est une silhouette de la marge savante de l’invisible
- un gouffre délicat,
s’en extraire attirée aspirée
p. 21
elle insuffle des rêves
une personne archive et réclame à mon encontre, je me réveille
une personne se mélange de communautés
des lieux inconnus, en vacances
habillée n’importe comment
une keynote informelle a lieu dans un couloir avec une personne que j’admire,
elle apprécie mes interventions ; une personne porte du maquillage un masque en paillettes noires
j’erre et mes parents m’ordonnent, je vole du café, je cherche la sortie, comment m’échapper
une roulotte avec des jeux et des enfants qui s’endorment
Tout se mélange.
p. 20
un nouveau rêve
une nouvelle fois, il y a Guillaume,
la projection éveillée se confond
une réunion – déjeuner avec des collègues qui inscrivent des rendez-vous dans mon agenda
une après-midi complète de consultations
de l’agacement
p. 19
Ce carnet est pour les impatients
Ceux de la mécanique du vide.
Où l’attente déborde sur l’absence
comme une mal-aimée et
l’écriture automatique
comme trajectoire – un rituel
que ne renierait pas les adepts du tarot et
ses élucubrations cosmiques
tout ça
pour tracer
un chemin
hors des sentiers épineux
Faire des découvertes
en soi
à partir de soi
des retrouvailles
c’est fragile et
il n’y a pas toujours un avant
- « Pourquoi vous révoltez-vous contre votre milieu d’origine ? Depuis quand ? Vous ne pouviez pas faire mieux. »
p. 18
je note désoeuvrée
il n’y a pas
d’itinéraire
à vélo à pied en transports
en commun
je note dans l’attente
entourée des
bricoles
le recoin rétrécit l’espace.
je me demande ce qui va se passer
le déroulement qui arrive
si des traces vont
me surprendre
dans l’index
des gommettes colorées attendent leur statut-rôle-fonction
une brochure imprimée au travail, à Clairevoie
Forget your own face de Blackdresses
p. 17
je note dans un train sans connexions
je lis Drifts de Kate Zambreno
une note sur Christian disparaît
une coïncidence s’échappe
un ventre est gonflé, le foie est malade, une mort est à venir
je note dans le train retour
j’écoute le rituel Space is only noise,
un réconfort pour l’être épuisé
il y a
ce mélange de joie des rencontres
et l’inconsistance
- j’aimerai bien que ce soit plus facile.
il y a
aussi
la crainte d’être observée ou non ce n’est pas sûr
je me demande d’où vient la fatigue
je n’ai aucune idée de rien,
spectating
je suis entrée dans le train
en retard
le geste de la mise en musique
pour accueillir les larmes
le corps et
p. 16
sa nausée
au repos de l’alerte sociale
quel étrange monstre
- j’aimerai moins me désintégrer.
toujours dans un train
je lis Drifts
j’écoute la musique de Kentucky Route Zero
une phrase revient
un infirmier de St. Brieuc qui dit que
je suis trop fragile pour être psychologue
un infirmier de l’hôpital psychiatrique
me dit que
m’annonce
déclare
il sait l’infirmier
sans me connaître
que je suis trop fragile pour être psychologue
peut-être que je suis
l’inverse
j’ai voulu volé ses clés pour m’échapper
la couleur violette m’indiquait le chemin, comme un arbuste de lilas par la fenêtre fermée
je n’ai pas voulu manger dans le réfectoire bruyant
il fallait tout protéger le vivant
maintenant je suis proche-aidée-aidante
je me demande si
c’est le moment
de coller les traces de 2017
j’écris le texte pour la revue Outsider,
à qui le ferais-je lire
quelles adresses rassurantes
je note une prévention:
prendre garde à ce que
le goût parfois
euphorisant de la fatigue
n’embarque pas
ses travers illuminés.
I feel something forming.
p. 15
à Paris au jardin des plantes
quelques rayons de soleil réchauffent
les larmes au bord
malgré
l’économie
est-ce que la sieste est légale ici ?
dans les méandres
je suis rassurée par des autocollantes révolutionnaires et des bouteilles de club-mate par terre
il y a
un corbeau que j’observe
du vent
je contiens ma dispersion
il y a
cinq corbeaux
p. 14
il y a longtemps que
dans une gare à Stuttgart
dans l’attente d’un prochain train
encore la phrase de l’infirmier de St. Brieuc
comme à la page précédente
ce sont toujours les mêmes histoires
avec des boucles
et des trous
« Un matériau solide est fragile
s’il se fracture dès que
sa limite d’élasticité est atteinte. La fragilité s’oppose à la ductilité. Il ne faut pas confondre fragile avec peu tenace qui signifie que le matériau résiste peu à la propagation de fissures.
Dans l’usage courant
et notamment en métallurgie,
on parle de matériau fragile quand on a
une faible déformation à la rupture
une faible ténacité et
une faible énergie de rupture. »
tu risques d’être brisé·e
détériorée
mais tu es mou
tu absorbe les fissures les fractures
je suis assez fragile pour ne pas être psychologue
plus loin après un blanc et une pensée raturée
la pensée tombe
p. 13
le désespoir se partage
comment ce commun est pris en charge
quel est ce qui est réel
quels liens dans le chaos
des choses simples comme ça
à Montreuil sous la pluie près des pleurs
j’attends
l’ouverture
des portes de la grande veillée
à la parole errante
je ne comprends pas l’intranquillité dans les voyages
il n’y a plus
la recherche d’un refuge
il y a
une balade à Bruebach en compagnie
quelle est l’origine de la peur
de la prudence
de la confiance
est-ce la vieillesse,
j’ai 32 ans
vouloir être chez soi
p. 12
dans le train retour
il y a
cinq heures de train c’est long
la grande veillée était petite comme moi
il y a
des paroles qui se notent
qui se déplient
vers une adresse rassurante
la mort entoure tout
j’écoute Birds on wire
j’ai parlé d’un fantôme,
je n’ai pas parlé de la lenteur et
du refus
p. 11
de nouveau dans un train
pour Paris petite boule d'angoisse et
ses envies de sanglots (mentruels ?), de
tout rétrécir tout annuler tout disparaître
rengaine habituelle
est-ce qu'elle existait autant avant ? avant quoi ?
que veut-elle dire
elle appelle à la substance en surplus
tout est incertain
malléable
dans le train retour plus tôt d'un jour
hier une rencontre avec
le concepteur du carnet présent
une timidité encore qui empêche
des réponses aux interrogations
comme la pagination inverse
il y a beaucoup de pleurs
pourquoi
p. 10
à Villeurbanne chez un ami absent
des émotions étranges d'une petite nuit
et trois étoiles
dans un hôtel à Levallois
il pleut
sans participation non disponible
je suis allée et demi-tour
des pleurs encore
qui devancent la crainte
qui défient l'autorité professorale
je dépose les aléas et la fuite
tout un mélange
qui se recroqueville en brins de folie
qui rassurent, les larmes d'ailleurs
et l'errance sans signes
quelqu'un frappe un autre jour
dans le train retour l'encre
ne suffit pas pour terminer le carnet
p. 9
il n'y a pas d'autres stylos
une après-midi en bonne compagnie
avec un thé vert et des plantes dans un jardin
et des livres et des écritures
après un matin tout en pleurs encore
éreintant mais vouloir rester effondrée
là où j'allais
vers les pleurs d'ailleurs, pas les miens
une commune proche d'aidantes
il y a trop de pages
pour l'esprit vide
loin
devoir naviguer entre
des mondes
loins
le centre se déplace
où se réaligner
au milieu des soupirs
écrire le creux
p. 8
p. 7
p. 6
Lundi 21 avril 2025 00:21
Je termine bientôt
la ré-écriture de ce carnet.
J'ai terminé à l'instance
la dernière annotation
du feuillet imprimé.
Maintenant
après une petite pause
il faudra retranscrire.
p. 5
9:56 Je décore
Je prépare
le terrain
des écritures
fragmentaires
éparpillées
j'écoute La langue - ARLT
Je veux voire tout le café
je crains la rencontre
prolongée entre la peau
de mon visage et les rayons
du soleil et
p. 4
lundi 21 avril, toujours le matin
stylo crisse
il est neuf
13:42 (manuel d'écritures)
dans 8 min.
je retranscris
les annontations
- à l'encre verte
en octobre 2024
- à l'encre marron
en novembre 2024
- ? (...)
- à l'encre rose
bleue
en avril 2025
au rythme de nombreux soupirs
p. 3
14:41 je suis en retard
mais je saigne et je
suis jolie à peu près.
de nouvelles couleurs et
textures corporelles
15:11 interrompue prête
à me lancer
par de la visite
zut alors ; je prépare
des restes.
la nuit bientôt le matin
quand les dernières braises
sont remplacées par les
premiers rayons solaires
bientôt on retourne
à Fès. Une pause d'un jour
de Topographie pour bricoler
plier, coller des gomettes, troues
se perdre dans les plis les
revers. Tout est foisonnant
et calme
p. 2
p. 1