Le carnet est tout petit, il se glisse dans une des pochettes vertes, avec le calendrier mensuel aux petites cases. Sans doute la suite du carnet topographies, dans le sac en ce moment (mi avril)
à l'encre noir, p. 1
le 27.02.25 place de l'Opera
à Lyon, je suis une touriste,
je sors du musée de l'imprimerie
croisée hier par hasard. La
tête lourde semble pleine
de vertiges. Il y a une dizaine
de cartes postales dans mon sac.
J'ai amené du travail pour cette
première semaine de presque
résidence mais je ne fais rien.
On dirait que la tête pleine
de vertiges a besoin d'un grand
silence qu'on ne lui permet
pas - toute déliée toute défaite
la mémoire non retenue de
disperse ; peut-être comme à
chaque éclat, à chaque
extrvagance décontenancée,
quelque chose se sépare, une
minuscule mort comme la
dernière fois ; c'est peut-être cela
dont il faut se rappeler,
p. 2
l'impossibilité d'un retour à l'état
initial précédent, cette fracture
et le crâne qui tonitrue, quand
la folie éclate. La vie de comptable
qui évalue les risques et les mots,
est-ce que ce que j'ai gagné
vaut comment je suis aujourd'hui
amoindrie. Ou bien est-ce seulement
un camouflage qui s'érode au fil
de. Ou bien encore un sevrage.
Ou bien simplement trop de
fourmillements - vivement
l'objectif mystique mutique un
jour.
p. 3 à l'encre noir
le 1er mars 2025 vers 13h au
rayon poésie du Rize.
Si tout ce je n'arrive pas
à faire c'est car ce n'est pas
le moment de le faire, alors
de quoi est-ce le moment ?
Par quoi dois-je me laisser
porter si rien ne vient ?
Ce qui vient ce sont les livres
comme un manuel pour
changer de corps, comme
deux ou trois choses dont je
suis sûre, ou 10 jours dans
un asile ; rassurée du
calme d'une bibliothèque
c'est si simple de vouloir
maintenant reprendre,
imaginer revenir avec un
vélo pour enfin travailler,
au milieu du crâne lourd
l'architecture aux fenêtres
p. 4
et en face du rayon poésie
donc les récits de voyage
et les récits de vie, au fond
de l'espace pour les
enfants et leurs parents.
p. 5 à l'encre marron
Lun. 31 mars 2025 13:26
dans le papasan à Mulhouse
j'avais oublié ce carnet dans
un tiroir de la piaule-atelier
je m'apprête à trier les photos
et captures du mois de mars.
il y en a 700 (sept-cent !)
ça fait beaucoup.
je me demande ce qu'il y a
d'inscrit sur les pages
précédentes
mais le chat bagarre sa
place dans le papasan
il se glisse sous la
couverture, gratte ou
griffe le coussin géant
dans mon dos
voilà, partageons.
dans la chambre la fenêtre
grande ouverte aère
le linge propre.
je suis rentrée de Lyon
p. 6
samedi et je repars à Paris
jeudi, ok c'est parti.
p. 6 à l'encre verte
jeudi je suis dans le train vers Paris
3/04/25 c'est un beau nouveau
ter qui m'embarque de bon matin
au loin les vosges traversent
le paysage aux rayons lumineux
printaniers, tout est calme.
C'est l'heure d'écouter Fiers et
Tremblants.
p. 6 à l'encre noir
Vendredi matin de bon matin
chez ora et m et x et ,
après une promenade avec des
animaux et un café offert par
un taxi pour quasi centenaires
/ vendredi plus tard au square
Boucicaut j'attends que les
gens qui occupent l'espace avec
moi retournent travailler à
l'école ou à leur emploi salarié
p. 7 vide
p. 8 vide
p. 9 à l'encre noir
j'attends le calme d'un
parc aux horaires des
chômeureuses, on n'entend
plus le chant des oiseaux
sous le bavardage incessant
de la foule. mais peut-être
est-ce déjà le weekend
et que les gens resteront là
pour empêcher ma microsieste
de nomade alors j'irai
me décaler à côté dans une
bibliothèque publique
et ça évitera aussi les
ouvriers bruyants du
bâtiment.
Il y a beaucoup de choses
à Paris.
Il pleut du pollen.
/ plus tard en début d'après-midi
au 4e étage d'un beau bâtiment
du 6e arrondissement qui héberge
la bibliothèque médiathèque
p. 10
discothèque André Malraux.
et ses toilettes publiques
et ses fenêtres ouvertes. C'est
plus calme qu'au parc.
Assise pour écrire sur un
canapé gris dans un coin d'une
pièce avec un rayon de livres
documentaires sur l'art.
Je prends le gros Arts de l'Islam -
chefs d'oeuvre de la collection
Khalili en support. Des bruits
de mouettes ? grand format.
Je n'ai pas pris mes lunettes, il
faut chaud et la fatigue se
fait sentir, un rayon de soleil
dans le dos je me décale à
l'ombre. Le carnet contient.
Le carnet contient le silence,
l'attention, la patience, la
lenteur, etc. Le carnet ne lit
pas et ne se disperse pas. Le corps
remarque le sol et ses motifs
p. 11 à l'encre noir
/ vendredi soir rue didot avec un
jus d'orange pressé moins cher
que celui de Lille. je flâne dans
le 14e quartier / rue des
Thermopyles. je ne retiens
pas trop le déclencheur de
l'appareil photos. je cherche
'l'imprimerie en taille douce
d'un autre âge de J. Chaumont,
rue Didot', c'est inscrit sur
une affiche sur un mur qui
appelle le vendredi 28 mars 2025
à 18h30 à la Galerie coin de ciel
au 21 rue Boyer Barret... à
'Un lieu, une mémoire, paroles
d'habitants du 14e'
reportage vidéo de Bernard Gazet
etc...
(fatigue)
demain samedi 5 avril j'irai à
la kunda à vitry sur seine pour
p. 13
le festival les Digitales, à
propos de santé et de squat.
je pense alors à l'ancien travail
du salariat associatif sans
droit au logement ; les âmes
conservatrices.
Je crois que v a habité cette rue,
en tout cas ce quartier, cad
je l'ai déjà parcouru. Le
soleil sur ma peau mon
visage tiré de fatigue, serait-
ce déjà l'été ?
J'aurai voulu faire une sieste
mais x en arrêt joue
au jeu vidéo sur le canapé qui
me sert de lit dans le salon
qui me sert de chambre, tant
pis, je dormirai plus tard.
p. 14
Samedi à la Kunda, bientôt
14h, tout est beau, mon
coeur plein et ému, tout
un vertige de découvertes
situées après tant de veilles
lointaines ; je temporise
le glânage
Dimanche dans le papasan
à la maison, le port d'attache
le pied à terre flotte.
ou tremblotte
le train ter ce matin en
compagnie par messagerie
> le petit écureuil rentre chez
> dans son petit abri,
> c'est le printemps
> le petit écureuil apprend
> doucement
> ce n'est pas le moment
> de tout récolter avant d'hiberner
> mais de picorer
> telle une poule
p.15
> c'est le printemps
> c'est le moment de traverse
> les mauvaises plantes
> écarquillent tous nos regards
> tu empaques
> > les trouvailles
> > les errances
> > la joie des visages
> > > sur des voix
tu effleures
p.16 à l'encre vert
à retranscrire