je répète que je ne fais rien
je ne fais rien car je peux ne rien faire, pour l'instant
je rétrécis l'existence

je me demande alors pourquoi les autres s'affairent autant
ce que vous pourriez ne pas faire
à quoi pourriez-vous renoncer

en échange de
l'ennui
la lenteur le refus l'attente
une grande déprime dans le vide parfois

je suis très déprimée et c'est normal, je ne veux pas aller à l'encontre de l'affect dépressif et de ses nombreuses siestes et de ses silences

le repli reclus
l'ermite maintenant hiberne

je pose des questions au vide :
après l'expérience des premiers confinements, comment vous organiseriez-vous si un nouveau confinement était mis en place aujourd'hui ?

le froid humide est arrivé brusquement
j'assiste à des ateliers sur zoom sur la création d'entreprises, orientée là par l'agence de la nation pour le travail, c'est étrange ; je dois remplir un passeport sur la plateforme pour mieux déterminer mon projet fictif et il y a des pages spécifiques avec des vidéos de personnes qui expliquent ce qu'est une compétence

dans les affects dépressifs, associés à une auto-médicamentation irrégulière, il y a une dévalorisation du soi qui se mélange à un dégoût de l'extérieur ; une aigreur partagée, comme une rancune sans motif.
je ne souhaite pas participer. j'accepte ma médiocrité puisque le monde est si médiocre pourquoi pas moi, et ça arrêtera les sensations de ne jamais être à la hauteur de..
ça suffit, c'est suffisant

dans les ateliers collectifs des tas de petites vies dans l'écran, dans les rues des tas de petites vies, partout des tas immenses
ne rien faire

après on trouve des argumentations philosophiques qui romantisent ou carrément des chemins de pensées spirituels, c'est ainsi

dans une vidéo youtube envoyé par la psychomotricienne de mon cohabitant ça parle de trauma et de régulation du système nerveux, il faut avoir des amis riches qui vont biens pour aller mieux.

et les fenêtres ouvertes et la porosité des psychismes : un voisin en face pleure fort à sa fenêtre il est cette fois-ci 8h du matin, c'est un réveil désagréable, les fois précédentes il était bruyant dans la nuit dans la rue, des lamentations sous substances d'insultes et de larmes, une immense solitude à rendre compte de sa détresse ainsi, avec une adresse à son voisinnage silencieux ; je reste dans l'ombre, je ferme les volets, que faire, lui offrir des mouchoirs