#writever : partir dans l'espace
à la suite
du Capitaine Quantum

extraits (version longue sur demande)




1. Capitaine

Capitaine ô capitaine
ô port des écluses
nous partirons
toutes voiles dehors
ô capitaine vieil océan
les marins malfrats
rigolent et disent :
> dépêche doucement


Pietrusch, un pirate, un ancien légionnaire, un guerrier slave – où a-t-il mis les pieds dans son passé ?
Pietrusch renonce à une pièce d’identité, il refuse de parler la langue, il dévoile une forme de disparition. Un mur qui récupère des livres des œuvres des bricoles des déchets, un mur qui sépare qui protège. Derrière le mur le corps de Pietrusch, une cheville enflée, un genou maigre et douloureux, des complaintes, des lamentations et des soupirs d’incompréhension. Parfois des choses brûlent, d’autres s’inscrivent sur les bâtiments autour.

Pietrusch pirate une existence moindre, il dévoile une disparition bruyante et lente, invisible ou presque, une existence gigantesque dans la Rumeur, un point de passage.

Il lève les yeux une fois tous les quatre mois, quand il nécessite comme une adresse. Il a un prénom. Elle aussi. Des mains se serrent, sans promesses.

Son prénom change selon les langues, c’est un joueur de cartes, un chanteur, un peintre, un artiste, un camarade, un romantique, un point de passage. Une escale pour de gros sac à dos de voyages roublards. Toujours au même endroit il se tient là, à quoi tient-il ?

Il lui arrive d’être amoureux, d’exprimer sa flamme comme un signal de détresse. Le corps maigre boite, des tatouages épais sur la peau qui grésille. Il lui arrive d’être en colère, de dire non, une petite révolte éreintée. Il lui arrive de disparaître.

Il disparaît.

Il n’est plus là, son mur non plus. Le magasin ferme. Des cartons s’amoncellent derrière le grillage. Les déchets ne sont pas à leur place. Il est parti dit la Rumeur il est parti il a pris son sac et sa béquille et sa liberté il a franchi une frontière ou deux dans l’autre sens il a remonté ses racines vers des coins de feuilles il s’est installé le long d’un cours d’eau et il a attendu il a récupéré le repos du voyage avec l’oubli d’une substance ou deux ou trois il est parti paraît-il il a récupéré longtemps dans un autre paysage le long d’un cours d’eau il est parti noyé paraît-il une corde attachée à son pied et à une bouteille de vodka

Ce n’est pas certain c’est la Rumeur et tu en es, ce n’est pas certain mais c’est une histoire proche d’une vérité alors c’est triste c’est mystérieux
Les lamentations se poursuivent en prières
Je t’ai connu

J’écris ton nom dans ma parole
Je te salue et tu me réponds :
– Tu me connais
Je le note j’en garde la trace
Tu le notes tu le dis
– Tu me connais
On peut juste se blottir là
dans cette hospitalité errante
On se connaît
On se côtoie


La Rumeur est sur un banc
presque vide le premier jour du mois d'août
au parc à l'ombre au vent vers le soleil

Il passe par là claquant des pieds en sandale sur le sol avec force flemme comme ebetee
Ils passent là le rap en haut parleur en dehors de
Il marmonne après une silhouette
– Je peux vous aider ?
On ne sait pas l'adresse ni la voix

Elle fait son secrétariat sur un banc
au calme au parc en verdure illuminée
La Rumeur absorbe ce qui passe ce qui vient

Allézou une enfant veut tout ramasser le sol une enfant explore un terrain et sa mère la retient, non c'est sale ne touche pas. Une enfant marche maladroitement en babillant vers les plumes d'oiseau, vers les feuilles mortes, vers les déchets, vers mon café.

Des silhouettes et des cagettes
Oranges

Dans ton sac sur le banc
Des livres un tas de
livres dans le sac
un tas à déposer
un tas de livres
à recycler
presque
jeter
des tas
de déchets
à déposer là
là où ça circule
là où ça récupère
ensomeillés
dans le livre
dans la forêt.

Un souffle balaie
schlac shlach
la poussière des pavés

On a le même prix
parfois on n'a pas envie
parfois on perd des objets

Le sommeil immense les fenêtres fermées La Rumeur en silence dans les rêves se faufile impatiente car affamée elle attend de la monnaie elle mange à la manche le dédain sans flamme elle n'a aucune dignité dans son refrain j'ai faim Pietrush Lazcarus un jour écrit un nom sur un carton c'est ainsi une pièce d'identité un justificatif d'existence administrée Pietrush déraille, il offre le squelette nu absurde à la vie bien rodée un bout de carton avec un prénom un nom une date de naissance Entretenir Au balcon en haut la Rumeur circule immobile Les bâtiments à l'identique des géométries urbaines Ici ce qui fait voisinage et flemme aérée en vis à vis

Quelqu'un éternue en écho c'est divinatoire : tu existes

Tu désencombres les espaces
Tu fais des tas
avec des cartons
des tas de cartons
pour ranger l'espace
pour s'y mouvoir le regard
dégagé dépoussiéré
pour s'y déplacer là

La rue est vide tu observes l'intérieur
des appartements où l'air est alourdi
peut-etre bientôt des orages
la météo oscille
des talons résonnent
le sol dur chauffé balayé
plutot les démarches affairées
il y a plusieurs villes dans ce quartier
il y a plusieurs ciels plusieurs chemins
il y a des bruits de machines, une machine pour faire de la glace a l'italienne, une sonnerie des alarmes d'un magasin, une ventilation d'un autre magasin les marchands qui travaillent en marchant devant le téléphone par la fenêtre tu vois le vide ses ombres et ses reflets des oiseaux y sont tous alignés à la crête d'un toit en tuiles
oranges

C'est l'heure de la dénidification,
il est 13:37, 01/08/2025.


2. Joyau (...)

Le chat regarde par une fenêtre ouverte d’un premier étage, un clocher sonne trois fois. Dans la ville loin les rues sont calmes, trop calmes. C’est une ville morte, une ville martyre, une ville trou noir ; tu en fais sa cartographie dans la zone. Elle a obtenu des crédits à se promener le long des quais, dans une mobilité de l’ennui. Une haute qualité d’ennui. Elle est respectée croit-elle lui dit-on elle a bon coeur paraît-il les yeux doux on pourrait la mettre au centre de la prison centrale elle resterait calme, trop calme.
Le chat observe les mouvements dehors, presque inquiet. Il se connecte au même air dehors, il devient concierge préoccupé. Parfois il lève les yeux au ciel comme si le tonerre n’était pas loin dans la ville loin. Elle y démarre une instropection qui déambule élabore, à une régularité étonnante. Elle trace des pas
des tas de pas
sous toute météo
elle va là où
là où ça refuse
lentement
Elle se connecte sur les chemins rituels et les habitudes réflexives, elle parcourt son ombre et ses reflets. La Rumeur la traverse ainsi au milieu de rien. Assise sur des pas de portes assise à essuyer des pleurs à la tombée de la nuit là où
il n’y a personne ou presque.
Elle ramasse des larmes comme des joyaux, tout brille dans les décombres, elle répète, tout brille dans les décombres, comment le rendre. Comment rendre et à qui les observations analyses hypotheses des récoltes, où déposer ce qui se trame au coeur, ce qui peut envahir les mélancolies. Les psychismes sont poreux, elle repète, les psychismes sont poreux, le clocher sonne deux fois.
Un monsieur tient ses intestins entre ses mains. L’intestin sort du nombril.

(...)
3. Flamboyant (...)

Le cloche sonne six fois l'ermite fait les cents pas les fleurs rouges
Elle fait une dictée vocale de ses pensées aux oiseaux le ciel ouvert
Les psychismes sont poreux dans la ville dans la radio. Pietrush écoute un match sur son poste, on ne sait jamais pour quelle équipe il est. Il dit souvent aux autres de se taire et chaque soir est un festin. Des agents sociaux de la municipalité enquêtent pour savoir qui il est, comment le faire partir comment faire pour qu'il ne soit plus dans ce paysage, inconvenant
Des tensions dans les muscles serrés en permanence serrés la tension contient la colère la tension contient la violence et la paix inanouvée

Une pile attend en haut des modules
tout en haut la pile de livres et carnets
oranges

D'un orange flamboyant avec des spirales
des spirales qui tournent qui tournoient des déluges qui encerclent
Attends
Au milieu les bras ballants
Attends
Les spirales oranges en haut d'une pile de modules de tiroirs a bricoles bleues ou vertes
Le sac orange lui est vide il se repose, l'etoffe orange range la poussière du bazar noir

Attends

(...)
4. Proxima (...)

Sur le rebord des trottoirs elles s’asseoient, les pieds dans le vide. Elles regardent là les silhouettes sans année ni âge qui défilent sous leurs yeux et fumées. L’ennui crée des concierges, avec des jumelles. Elles observent les étoiles derrière les nuages gris.
C'est un très long banc en bois en face des quelques arbres du parc ouvert, il n'y a pas de grilles. On pourrait y construire des cabanes et faire de la balançoire la nuit. Mais c'est le matin c'est toujours le matin
Les chiens dit errants aboient en meute non errante les chiens saluent la lune et ses bumas dans les rumeurs de la nuit
Sur le long banc en bois, tout le long du petit parc, une silhouette s'installe a distance de fumée. Elle respire ce que tu insuffles en décalage.
Les habitudes deviennent une mécanique automatique dénuée d'intrusions. Le chat ne te réveille pas, tu existes dans les rêves.
Dans le rêve dans la forêt elles observent les étoiles. Les étoiles ont des prénoms, avant la rencontre. Elles sont découvertes par des savants latins qui les nomment ainsi, par ce qui vient, des chimères : Proxima Centauri, ...
Ce qui est proche devient tendre.

(...)
5. Explorer (...)

Il n’y a pas de paroles dans les rêves seulement des figures chancelantes. Un rideau fin presque transparent sert de couverture entre le monde et soi, on peut s’y glisser. Vous vous dîtes au revoir à l’impasse de l’horloge, le temps sépare. Dans les tréfonds de la ville à explorer, vous créez des rituels topographiques. L’une prend des notes l’autre marche la tête en l’air, aucune ne regarde ses pieds. Des ombres se répètent, vous allez à leur rencontre. Des ombres se répètent, vous leur servez des politesses. Elles ont déjà mis les pieds sans les voir dans la partie floue de la carte, celle qui ne se dessine pas, qui s’invente sensible

(...)

les mots suivants
6. Pirate 7. Etoile 8. Ambassadeurice 9. Oeil 10. Equipage 11. Piéger 12. Canon 13. Amazone 14. Galaxie 15. Copilote 16. Espace-temps 17. Androïde 18. Général 19. Laser 20. Vaisseau 21. Fuir 22. Déesse 23. Epsilon 24. Coopérer 25. Mercenaire 26. Station 27. Gardienne 28. épave 29. Planète 30. Poursuivre 31. Quantum