allongée

tout commence par un soupir
la pause avant l'élan

je suis divertie de ma lecture par la fenêtre
ouverte
dehors j'entends le bruit de la rue
en bas de l'immeuble un sans-abri est installé depuis quelques temps
depuis la fermeture de la bijouterie du rez-de-chaussée
il n'y a plus de caméra dans les communs qui surveille l'arrière-boutique
dehors il y a du passage
ce soir la maraude de la croix-rouge débarque avec son petit camion,
parfois le bruit des camions poubelles recouvrent le son des voix
une bénévole sort du camion arrêté là et demande si max et damien sont là
elle connaît seulement des prénoms, pas des visages
en face, cela ne répond pas, même s'ils se nomment ainsi
le camion est arrêté, les portes arrière ouvertes pour servir du café
ils ne veulent pas de café, mais l'un, le plus jeune, finit par accepter un chocolat chaud
d'autres habitués de la rue viennent là, devant les portes ouvertes du camion de la maraude de la croix-rouge
l'autre soir, c'était la maraude de l'association où je travaillais avant
l'autre fois j'ai dit chez le psy que la maraude ne me lâchera pas, alors autant s'y faire

je lis Sociotopie : institutions géographiques de la subjectivité, le début demande de la patience et un effort et ensuite j'ouvre mon carnet leuchtturm pour recopier des passages

En considérant la persistance des identités dans des contextes de changement, tels ceux que nous vivons actuellement à des échelles multiples, je ferai tout de suite une déclaration forte : après tout ce que les philosophes, psychologues, anthropologues ont dit sur ce thème et en tant que géographe, je suis porté à concevoir l'identité comme une entreprise narrative.
(...)
Le flux narratif, qui définit le sujet comme protagoniste d'une histoire et le dote par là même d'une identité, s'alimente à une pratique relationnelle : ma vie est vécue au présent, comme ensemble de rapports que j'ai avec le monde, c'est-à-dire avec les autres humains, avec les artefacts matériels et symboliques, avec la nature. Cette pratique, qui produit et en même temps assimile sans cesse des données empiriques, se lie dans le récit à deux autres types de pratiques : la première, que l'on peut dire mémorielle, chargée de restituer le passé par séquences d'événements, par épisodes singuliers, mais aussi par de simples évocations (de faits, de sensations, d'odeurs, de sons, de visions), réfractions fragmentaires, rappels elliptiques; la deuxième, que l'on peut dire projectuelle, chargée non seulement de préfigurer un programme, mais aussi, et peut-être surtout, de composer en un ordre, si provisoire soit-il, le magma immense des attentes que nous mûrissons sans cesse et, en somme, de donner une forme au désir.

je termine la lecture et j'explore la bibliographie, j'ouvre la page wikipédia du géographe Yi-Fu Tuan

Instead, he sees humanist geography as a way to reveal how geographical activities and phenomena reveal the quality of human awareness and to show human experience in its ambiguity, ambivalence, and complexity.[9] To do so requires empathy, and for this he seeks assistance from literature, the arts, history, biography, social science, philosophy, and theology. Tuan's approach is qualitative, but more narrative and descriptive than philosophical, in light of his concern that a philosophical theory can become so highly structured that it seems to exist in its own right, to be almost 'solid,' and thus able to cast (paradoxically) a shadow over the phenomena it is intended to illuminate whereas he prefers for theories to hover supportively in the background.

je cherche des traces sur la rencontre dans les leuchtturm, je me perds et je commence à relire l'entretien avec Jacques Lesage de La Haye dans le numéro 2 de la revue Parades, le sommeil n'est pas loin il est bientôt minuit